Enfant du bois

Mobilier artisanal de la forêt locale

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Essences de bois

Quelle essence de bois choisir? Question souvent difficile surtout si l'on est novice, et que l'on ne fait guère de différence entre une planche de sapin et une planche de frêne. Retenons que les 2 grandes familles de lignés que sont les conifères (ça, tout le monde connaît!) et les feuillus, permettent de réaliser toutes les gammes de meubles pour enfants (et aussi adultes), adaptées aux besoins et aux usages. En effet, les conifères sont plus légers que les feuillus, avec un bois plus tendre. On privilégiera les essences feuillues pour les surfaces sollicitées: tables, bureaux, etc, sans quoi celles-ci seront vite marquées. On peut aussi être pragmatique, et se dire que cela donne aussi son charme au bois, quand il a cet aspect vieilli. Le mobilier en bois des chalets savoyards et hauts savoyards, tant demandé ces dernières années par les amateurs d'ambiance chalet «cosy», n'était-il pas historiquement en épicéa et sapin?

Les conifères sont aussi des bois moins onéreux, car poussant plus rapidement que les feuillus. Quand il faut 50 ans pour qu'un bel épicéa puisse être prélevé pour de beaux meubles, il faut attendre presque 200 ans pour un chêne (tout dépend bien sûr de sa station, c'est-à-dire des conditions de sol, d'environnement, et d'ensoleillement dans lesquels il se trouve). Le mélèze, qualifié de «chêne des montagne», est un conifère intéressant pour sa résistance aux insectes. Sa couleur naturelle d'un rouge rosé, du moins pour les espèces indigènes, permet de réaliser de très beaux meubles, surtout lorsqu'on le marie à d'autres essences comme l'épicéa ou le sapin. Son seul inconvénient est d’exsuder un peu de résine même longtemps après la coupe, surtout lorsqu’il est exposé à la chaleur. A choisir à bon escient...

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Les feuillus comme le frêne et l'érable, l'orme et le noyer, le robinier et le châtaignier, ont des couleurs et un rendu fabuleux pour les meubles d'intérieur, adapté pour leur résistance, notamment aux humeurs de nos bambins (dans une certaine limite)...

Je n'utilise que du bois massif, avec les contraintes qu'il représente (retrait au séchage, fente, qui apparaissent parfois après plusieurs années).Le bois massif reste cependant un matériau vivant, qui « travaille » bien des années après son usinage, mais c’est aussi ce qui fait son charme. Les panneaux en bois « reconstitués » sont certes un gain de temps à l’usinage et permettent de limiter les pertes par rapport à des planches brutes (dont les chutes sont valorisées dans le poêle!). Mais non seulement ils parcourent des distances colossales en France et en Europe, mais ils sont de plus remplis de colle dont le solvant (même s’il est à base d’eau!) a un impact sur la qualité de l’air intérieur. Aussi les ai-je naturellement proscrit de mes matériaux de base.

Ci-dessous voici quelques photos d'essence particulièrement jolies que je mets en œuvre:
Le mélèze meleze
Le sapin sapin
L'épicéa epicea
Le frêne frene
L'orme orme

La coupe du bois

Chose à laquelle l'industrie du bois ne prête plus guère attention, la coupe du bois, et surtout la bonne période, est primordiale. Couper les arbres en sève descendante, lorsque la lune est décroissante, et en fin d'hiver, lorsque les arbres ont puisé le maximum dans leurs réserves nutritives, permet de s'assurer d'une plus grande longévité et une meilleure tenue dans le temps du bois, et notamment vis-à-vis des insectes, qui auront plus de difficultés à y trouver des éléments nutritifs.

Publiée dans la prestigieuse revue scientifique "Nature", une étude de 1998 portant sur l'épicéa a ainsi démontré que le bois des arbres coupés en lune décroissante est plus dense et résistant que celui des arbres abattus en lune croissante (Zürcher et al., 1998, Tree stem diameters fluctuate with tide. Nature, 392,665-666).

Sous Louis XIV, certes en des temps immémoriaux, une ordonnace forestière fixait les meilleurs dates d'abattage des arbres destinés à la Marine en période hivernale, hors sève, et en lune décroissante (source "L'arbre, au delà des idées reçues", Christophe Drénou, éditions CNPF-institut pour le développement forestier).

Enfant du bois s'astreint donc à perpétuer cet enseignement séculaire et plein de bon sens, à la fois pour la durée de vie des objets créés et l'absence de traitement insecticide à la cyperméthrine, mais aussi pour le respect du cycle du vivant.

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Si c'est pour un berceau heureux

Si c'est pour un lit d'amoureux

Si c'est pour le cercueil d'un vieux

Vas-y bûcheron

Si c'est pour le trône d'un roi

Regarde plutôt à deux fois.

Jacques Prévert, L'espoir vert, in Arbres.

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